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La revanche de papa : dater une Femme-Mère

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Je traînais dans ma place à cruise favorite, c’est-à-dire la piscine de Pointe-Saint-Charles, là où se donne l’hebdomadaire cours d’Aquapoussette. En raison du contexte socio-économique du secteur, le taux de mères monoparentales y est très élevé et c’est connu, elles sont plus vulnérables, moins résistantes. Elles savent que dans la chaîne alimentaire de l’intérêt masculin, une femme seule avec un enfant en bas âge, c’est pas mal dans le bas de l’échelle. Mais heureusement pour celles-ci, il y a moi. Moi, l’âme généreuse et charitable; moi, l’Indigne Alpha qui aime la facilité; moi, le Don Juan des pauvres.

J’en cible une qui a un certain potentiel. Ce n’est pas une Sylvie Fréchette, mais mes intentions envers elle ne se déroulent pas dans une piscine… pas la première fois en tout cas. Son enfant semble turbulent, mais on s’entend que ce n’est pas moi qui l’élèverai, alors je ne m’en soucie guère. Le cours se termine et j’attends ma proie à la sortie du vestiaire pour femmes. À sa vue, je lui sors ma pick up line infaillible :

« Hey salut, je te regardais, t’as l’air d’aimer ça l’eau? As-tu envie de venir chez moi que je te chante du Andrée Watters? »

Mon humour raffiné fait son œuvre et après une brève discussion, mon charme légendaire a raison d’elle. J’obtiens un rendez-vous plus tard cette semaine, chez elle. Cette poche est dans la fille….heuuu…cette fille est dans la poche.

Je me prépare à mon rendez-vous. Je me détoisonne là où il convient et je me passe une petite lingette dans la zone gagnante. Je masque abondamment mon odeur corporelle d’eau de Cologne bon marché. J’arrive chez ma chanceuse accompagné d’une bonne bouteille de Nicolas Laloux, gentleman bohème. Ce vin me représente définitivement sur toute la ligne. La porte s’ouvre mais je perçois un son qui me glace le sang, me pétrifie, me fait figer d’horreur. Elle n’a pas fait garder son mioche.

La déception me martèle, me heurte, me perfore la poitrine avec une violence si inouïe que j’en perds presque connaissance. Je me sens trahi, leurré, bafoué un peu comme René Lévesque l’était au terme de la Nuit des longs couteaux.

La soirée va bon train sauf que je ne reçois pas toute l’attention que je mérite. Son enfant ne nous lâche pas d’une semelle et fait tout pour attirer notre regard. Je trouve égoïste de sa part de ne pas laisser l’opportunité à sa maman de bien me découvrir. Avoir su, j’aurais emprunté la bouteille de Ritalin d’un ami qui gave généreusement son petit monstre de fortes doses. De fil en aiguille, notre complicité se tisse et je sens qu’elle désire des rapprochements. En m’enfilant un demi chewing-gum et en lui offrant de bon coeur l’autre moitié, je lui suggère d’aller coucher son pot de colle dont le mucus s’écoule sur mes pantalons malgré le fait que je le repousse allègrement, motion qu’elle adopte sans chichis.

Après m’avoir impoliment laissé poireauter dans le salon, elle revient en m’indiquant que son mal-élevé dort enfin. Je sais que je ne suis désormais qu’à deux doigts de conclure ce pourquoi je suis venu lorsque la sonnette retentit. Derrière celle-ci, un bel homme baraqué aux effluves de bon goût, équipé d’un Château Marjo ou Château Marmot si j’ai bien compris, franchit le pas de la porte.

Ma conquête me regarde. Elle me remercie d’être venu garder son enfant afin qu’elle puisse avoir une belle soirée romantique et m’indique qu’elle ne devrait pas être de retour trop tardivement.

En revenant chez moi ce soir-là, je repris le bâton de ma fierté blessée. J’ai bien pensé mourir de honte et d’ennui.

Aujourd’hui quand je vois une piscine ou une femme-mère, je fais un grand détour ou bien je me ferme les yeux.

Michael Melvin
MICHAEL MELVIN
Crédit : Master1305/Shutterstock.com

Michael Melvin

Fier père de deux enfants. Amant des mots, manipulateur de la langue et tripoteux de notes. Je nous observe, je nous analyse et je couche sur papier nos agissements d'une encre pas toujours délicate.

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3 Comments

  • J’aime beaucoup la parfaite maman cinglante, je lis tous les articles et ils me touchent. Mais alors la… ce n’est pas sorti d’un film comique cette histoire ? Le déroulement est un peu incohérent en plus. Comment dans la vraie vie on cruise qqun et on se retrouve à faire gardien sans s’en apercevoir. Moi le gars débarque chez moi avec une bouteille de vin pr garder ma fille, déjà il repart direct. C’est une bonne idée, la photo du gars est bien cute mais l’histoire ne tient pas la route.

    • Il s’agit d’une histoire humoristique et sarcastique écrite par un papa qui ne reflète qu’une certaine réalité de façon très très exagérée. EN lisant d’autres textes de « La revanche de papa », vous pourrez sans doute vous faire une meilleure idée du style 🙂

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