mother with son sun

Je m’ennuie de mon petit garçon

mother with son sun

Aujourd’hui, mon grand, j’ai le goût de te dire quelque chose qui ne se dit pas. J’ai le goût de te dire que j’aimerais ça, que tu aies arrêté de grandir il y a quelques années, quand tu avais deux ans et que j’étais la huitième merveille du monde.

C’est égoïste parce que je sais que je devrais me réjouir de te voir grandir chaque jour, gagner en assurance, en personnalité et en caractère. Mais la vérité, c’est que je m’ennuie du petit bonhomme que tu étais qui n’existe plus, disparu derrière son autonomie et tout ce qu’il connaît déjà du monde.

Je m’ennuie du petit garçon qui me souriait de toutes ses petites dents de lait, toujours heureux d’être là, blotti contre sa mère.

Je m’ennuie du petit garçon qui levait les bras bien haut pour que je le prenne à toute minute du jour. De celui qui me couvrait de bisous et qui ne se lassait jamais de mes chatouilles.

Je m’ennuie du petit garçon qui goûtait à tout avec une curiosité qui lui faisait briller les yeux.

Je m’ennuie du petit garçon avec sa toute petite voix aigue qui me disait « Je t’aime » et qui prononçait rien que la dernière syllabe des mots avec sa petite bouille de deux ans.

Je m’ennuie du petit garçon qui me sautait dans les bras, le soir, à la garderie et qui ne voulait pas me quitter le matin.

Je m’ennuie du petit garçon qui ne se tannait jamais d’entendre mes chansons, qui voulait toujours que je lui lise les trois mêmes histoires chaque soir et qui me faisait finalement passer la moitié des pages chaque fois.

Je m’ennuie du petit garçon qui dansait dans le salon sans la moindre coordination avec une joie de vivre plus grande que le ciel.

Je m’ennuie du petit garçon dont la gêne infinie le  confinait à rester assis sur moi, le nez dans mon chandail lorsqu’on allait en visite quelque part.

Je m’ennuie du petit garçon au regard ébahi avec ses petites mains dans les airs et sa voix d’enfant fébrile quand on croisait un camion de poubelle en voiture.

Je m’ennuie du petit garçon qui s’amusait d’un rien avec sa maman qu’il aimait plus que tout au monde.

Je m’ennuie du petit garçon qui ne jurait que par moi et qui se satisfaisait d’un rien.

Parce qu’il me semble que tu as de moins en moins besoin de moi, mon amour.

Et il me semble que moi, qui ai attendu ce moment depuis ta naissance, je regrette mon petit garçon.

Crédit : Alena Ozerova/Shutterstock.com

Maude Michaud

Fondatrice de la plateforme La Parfaite Maman Cinglante et auteure, j’adore informer, divertir et partager mes réflexions sur la parentalité mais aussi une multitude de sujets qui touchent les femmes de près et de loin.

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6 Comments

  • Wow. Je sirote un verre ( ou deux) avec ma femme et je n’ai pas pu m’empêher. De lire a haute voix ce texte a ma femme, en pensant chaque mots avec une franchise et une concordance parfaite ! J’ai lu en pensant tellement fort a mon fils de deux ans qui dort en ce moment qui va un jour devenir celui du texte . C’est tragique et à la fois, il faut tellement être un parent plus fort qu’on l’aurait prévu . Nos enfants on besoin de nous, mais en fait c’est nous qui avons besoin d’eux. Un merci bien honête pour ce texte, d’un père qui a franchement pas le gout d’entendre son fils lui dire un jour qu’il est correct tout seul.

  • Hier souper en famille chez ma mère avec mon fils, de 25 ans, et sa copine.
    Je me suis demandé à quoi et pour qui j’étais utile dorénavant. La coupure est tellement franche et sans équivoque…que j’en pleure de douleur avec une triste amertume. La place est dorénavant prise à ses côtés, avec un semblant de compétition, par sa nouvelle confidente et élue de son coeur. Malgré l’amour que l’on se porte… il semble qu’il ait la difficulté à nous aimé toutes les deux en même temps.
    Alors aujourd’hui j’ai droit à ses jugements faciles et sans introspections. Je n’y réponds pas vraiment, ni avec une offensive ni défensive d’ailleurs, car il finit toujours par réaliser qu’il m’a blessé…mais me demande si je suis fâché, sentiment qu’il comprend mieux et reconnaît plus que la peine on dirait. bien sûr je sais que cela n’est que son chemin vers la vie d’adulte. mais woaw comment mon petit garçon me manque à moi aussi …

    • Je suis encore bien loin de cette étape mais je sais qu’elle se présentera tout de même plus vite que je ne le pense. Ça doit être toute une adaptation mais je suis certaine que tout le monde y trouvera sa place avec le temps. Merci pour ce témoignage et bon courage pour la suite 🙂

  • Chaque anniversaire de mon fils me fait pleurer et parfois, je me cache pour le faire parce que j’ai aimé chaque seconde de lui depuis le jour de sa création, jusqu’à ses presque 11 ans dans 3 semaines, malgré ses défis que nous relevons ensemble. Je crois que toute ma vie, j’ai attendu mon petit garçon. Bien qu’il ait un TDAH et que je sois seule pour l’élever, mon fils est ma raison d’être et le petit bébé qui a tout à découvrir me manque. L’adolescence approche, ça me fait peur, mais mon souhait c’est de faire de lui un homme qui aura le courage de ses convictions, qui fera son chemin avec tout son coeur et ses forces, qui n’abandonnera jamais, mais par dessus tout qu’il aime sa vie, son travail, les gens. Quand je le regarde malgré nos conflits, je réalise qu’il a déjà une belle intelligence émotionnelle et je suis certaine qu’il sera un homme bon plus tard. Merci de ce beau texte écrit avec un vrai coeur de maman.

  • Je pleure a torrent… vais-je m’en remettre un jour.. mon coeur a tellement mal♥️

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