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Je me sens coupable

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Je me sens coupable. De ne jamais être entièrement centrée sur toi, mon petit être. Celui qui a le plus de valeur à mes yeux que toutes mes possessions matérielles. Celui pour qui je donnerais ma vie. Celui pour qui je ferais tout pour te rendre heureux. Celui dont je devrais guetter, en vieillissant, chaque changement, chaque moment pour ne rien rater et pouvoir me remémorer ces petits bonheurs. Mais vois-tu, j’ai toujours l’esprit ailleurs.

Le matin, lorsque tu es le plus volubile et plein d’énergie, que tu voudrais que je joue avec toi, j’ai déjà une liste interminable de choses à faire et à mettre sur papier : des listes de courses, des listes de tâches à faire, des listes afin de ne rien oublier. Malheureusement, il n’y a pas de liste pour me dire de prendre au moins trente minutes de mon temps et te le consacrer uniquement et totalement à toi, mon enfant.

Je ne vois pas toutes tes découvertes et ton émerveillement puisque parfois, je suis sur mon téléphone, à répondre à une collègue de travail pour un problème au boulot ou à lire mon fil d’actualité. Mon attention n’est pas toute consacrée au film que nous venons de louer; je suis concentrée à regarder des images léchées d’une vie parfaite que j’envie sur Pinterest. Je ne vois pas toujours quand tu me quémandes du regard et que tu aurais besoin de me parler parce que la vidéo que je regarde me fait oublier combien dure à été ma journée.

Je me sens coupable lorsque je suis enfin en congé, ces jours que j’attendais impatiemment parce que je m’ennuyais tellement de toi, et que je me surprends secrètement à avoir hâte de retourner travailler. À vouloir parfois tout balancer et ne plus avoir à entretenir maison et conversation, ou à ne plus avoir à inventer une autre activité familiale. Pourtant, je t’aime et lorsque je suis loin de toi, avec des amis ou au travail aussi, tu occupes toutes mes pensées.

À tes pratiques et joutes sportives, je manque parfois un de tes bons coups, puisque je tue le temps avec un jeu sur la tablette qui me vide l’esprit de mes tracas quotidiens ou je discute des difficultés de la maternité avec la mère d’un de tes amis.

Je me sens coupable lorsque nous sortons en famille quand je choisis soigneusement la sortie afin que tu aies le plus de plaisir, avec un minimum d’implication ou d’animation de ma part. Pas que je n’apprécie pas ces moments, mais je n’ai jamais eu ce côté enfant qui me ferait apprécier certaines activités que tu aurais peut-être aimé faire avec moi. Je me sens mal souvent de te faire manquer certaines occasions.

Il y a plein de belles photos de nous qui pimentent notre page Instagram, en voyage, en camping, avec des tonnes d’amis. Nous avons l’air heureux. Mais je me demande, lorsque tu grandiras encore un peu plus, si tu te souviendras de ta maman qui t’aimait et tentait de te donner le meilleur d’elle-même malgré ses failles ou si ton souvenir sera qu’elle était toujours occupée à fuir le présent.

Parce que j’aimerais tellement te donner plus de mon temps. Va savoir pourquoi, je le donne, le perd et je le gaspille sans te l’offrir à toi qui n’attend que ça de moi.

Je me sens coupable, mon amour. Je réalise que le temps ne revient pas, et cela me fait peur de voir tout ce que j’ai perdu au cours des années passées.

Je ne suis pas parfaite et j’ai besoin de temps pour moi, pour m’égarer.

Mais je te promets de toujours retourner à l’essentiel, c’est-à-dire toi, moi et nos moments à partager.

Julie Ducasse
JULIE DUCASSE
Crédit : Anna Kraynova/Shutterstock.com

Julie Ducasse

Fonctionnaire travaillante, banlieusarde affirmée, mère de 2 pré-ados, mariée depuis plus de 13 ans, rien ne me destinait à cette vie rangée. Diplôme collégial en arts et communications, quelques crédits universitaires qui ne m’ont rien donnés si ce n’est qu’une culture personnelle plus développée, je travaille maintenant dans le domaine des ressources humaines depuis près de 10 ans. J’écris de temps en temps, pour m’amuser mais surtout, mon but premier, raconter une histoire comme si vous y étiez. Les rêves de liberté, de faire le tour du monde comme journaliste et de voyager, ont été mis de côté. Pas grave, ma vie est d’autant plus animée, avec 4 sœurs totalisant 9 enfants et une histoire de famille compliquée, j’ai des sujets en banque pour bien des années.

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1 Comment

  • Wooow c absolument vrai comme on se laisee embarquer par notre quotidien sans faire attention! Merci de m’avoir rappelé à l’ordre. Bon courage 🙂

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