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Lettre à mes filles : notre séparation

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Dans quelques années, vous me poserez sans doute plusieurs questions. Celle du pourquoi, celle du comment, celles que de nombreuses personnes m’auront posée au fil du temps. Mais à vous, je prendrai le temps de répondre honnêtement, en détail. De répondre à chacune des questions qui se pointeront dans vos grands yeux. Parce que cette décision, prise lentement et de façon réfléchie, aura changé le cours de votre vie. Et j’en suis pleinement consciente.

Votre père et moi sommes de belles et bonnes personnes, ce qui fait qu’on a maintenu le cap, même lorsque l’on savait, lorsque l’on sentait qu’on n’aurait pas dû. Les bases de notre couple étaient fragiles. On a voulu s’aimer parce qu’on représentait tous les deux ce que l’autre recherchait. Mais on a oublié que ça prenait plus, l’espace d’un moment. Avec votre arrivée, j’ai oublié pendant un temps qu’il me manquait un élément majeur pour être heureuse. J’ai cru que j’y parviendrais, beaucoup grâce à vous, mais je ne pouvais pas vous donner la tâche d’être responsables de mon bonheur. C’était beaucoup trop vous demander. Et je me devais d’être assez mature pour prendre les choses en main et me donner le droit d’accéder au bonheur que je convoitais depuis très longtemps.

Et pour ça, j’ai dû quitter votre père, quitter la petite vie de famille bien rangée qu’on avait préservée au coût de beaucoup trop d’efforts. Je suis persuadée que si je n’avais pas pris cette décision, vous auriez, aujourd’hui, une mère malheureuse, aigrie et possiblement dépressive. Je me serais accrochée à vous, vous aurais coupé les ailes de peur que vous me laissiez un jour. Vous seriez devenues mon respirateur artificiel et j’aurais redouté le jour où vous m’auriez annoncé que vous partiez vivre votre propre vie. Et là, je me serais effondrée, amère de réaliser que ma vie avait défilé, et que je ne l’avais pas vécue à ma façon, que je ne l’avais pas goûtée comme j’avais souhaité. Des erreurs dont j’ai été témoin, et que je n’ai pas voulu répéter.

Je voulais qu’à la place, vous ayez une mère épanouie, confiante, fière d’elle. Une mère qui vous montrait à vous tenir debout et à défendre vos idées et vos rêves comme elle-même l’a fait. Une mère qui osait être une femme, avec ses forces et ses faiblesses, ses besoins et ses désirs et qui était prête à les assumer. Je voulais prêcher par l’exemple pour vous deux, pour que vous grandissiez en étant conscientes que vous aviez droit au bonheur et qu’il est toujours temps de rétablir une situation si celle-ci ne vous convient plus.

J’ai eu besoin de m’émanciper, de me prouver que je pouvais voler de mes propres ailes. J’ai eu besoin de crier au monde entier que j’étais une femme avant tout et tout ça, je devais le faire seule, sans votre père. Seule, en tenant vos petites mains et en espérant que vous comprendriez, le jour venu, que cette décision, je l’ai prise pour le bien de chacun de nous. Parce que ni moi, ni votre père n’étions heureux ensemble, et un jour, ça aurait nécessairement eu un impact sur vous deux, et ça, je n’aurais pas pu l’accepter.

Marie-Claude Lamarre
MARIE-CLAUDE LAMARRE
Crédit : Altanaka/Shutterstock.com

Marie-Claude Lamarre

Maman de deux cocottes bourrées de caractère (la pomme ne tombe jamais très loin de l'arbre), je suis une énergique, parfois énervante et souvent essoufflante. Mère indigne la moitié du temps, il me reste 50% pour vivre à fond ma vie de femme adulte, de travailleuse acharnée, d'amoureuse qui se redécouvre et d'amie passionnée que j'ai souvent mise de côté. Mes deux mini-moi sont mon port d'attache mais je parviens à travers leur absence à trouver l’équilibre qui m'a trop longtemps fait défaut.

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