woman depressed sit on the floor

À toi, mon anxiété

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À toi, mon anxiété,

J’aimerais tellement être en mesure d’être ton amie, ton alliée. Je rêve du jour où nous pourrons nous côtoyer sans souffrance et sans manquements. Que tu ne débarqueras plus en ville que pour une brève période. Juste pour qu’on ne se tape pas sur les nerfs toi et moi. Tu sais, j’ai de la difficulté à endurer ma visite plus que deux ou trois jours, alors imagine quand c’est une visite que tu n’attendais pas.

Quand tu te pointes, je perds mes moyens. Pourtant, je suis une femme accomplie qui a de l’ambition et qui ne se fait pas piler sur les pieds. Mais quand j’ai affaire à toi, je deviens soumise et vulnérable. Je te laisse prendre toute la place alors que j’aimerais mieux te balayer sous le tapis.

Le pire dans tout cela, c’est que lorsque ta vrille infernale m’amène dans son sillon, je perds encore plus d’énergie à faire semblant. Semblant d’être en contrôle de mon être, de mes agissements et de mes pensées. Je dois continuer d’être une mère, une conjointe, une amie et une confidente. Je ne parle pas et je vis tout par en dedans.

Toi, qui me pèses sur la poitrine. Toi, qui crées cette boule qui étrangle ma gorge.

Pendant que je suis en train de tenter de contrôler mes sentiments intérieurs, de te contrôler toi, je suis complètement coupée de ma vie extérieure. Je ne suis plus disponible pour les miens. Je deviens une autre personne. Je suis distante, moins à l’écoute de leurs besoins, parce que je tente de te gérer, toi.

Je me bats contre toi. Je pense toujours que je pourrai avoir le dessus sans aide, mais ce n’est qu’une illusion. Après plusieurs jours, je me résigne; seule la médication viendra à bout de toi. Quelle honte. Je ne suis même pas capable d’avoir le dessus sur mon cerveau qui me joue de mauvais tours. Alors je me cache et je prends des comprimés sans que personne ne le sache et je tente de m’en sortir par moi-même.

À compter de ce jour, je veux t’annoncer que ce sera différent entre toi et moi. Non seulement, j’ai choisi d’accepter que tu fasses malheureusement partie de ma vie, mais j’ai choisi de ne plus avoir honte de ta présence. Je ne veux plus jouer le rôle de celle que rien n’ébranle. Je suis aussi un être sensible et j’ai envie de l’assumer, pour une fois. J’ai décidé que, désormais, mon conjoint, ma famille et mes amis sauront quand tu es là afin qu’ils m’aident à prendre soin de moi et à éviter que je ne m’enlise dans un état de déconfiture. Ce seront eux mes alliés.

Je veux que les gens soient sensibles à ce que tu provoques chez moi et chez les autres personnes que tu côtoies. Je veux t’enlever ce pouvoir que tu as sur ma vie et reprendre le contrôle de mon corps et de ma tête. Si je dois le faire avec l’aide d’une médication, tel ce sera. Si je dois me confier et expliquer aux gens que là, maintenant, je me sens moins bien, je le ferai. Je ne veux plus me cacher, je ne veux plus souffrir en silence, je veux expliquer qui tu es afin d’être mieux comprise, mieux soutenue.

Aujourd’hui, je veux me tenir dignement devant toi. Je veux montrer aux gens que je suis une bonne personne malgré certains moments où ma tête me joue des tours. Je ne veux plus te laisser avoir d’emprise sur moi parce que je sais que je peux très bien vivre sans toi ou en atténuant les effets de ta présence.

Je ne veux plus avoir envie de me cacher en petite boule au fond de ma garde-robe durant des jours.

Je veux me tenir droite et être en contrôle de mes émotions, de ma vie, de mes envies.

Même si ça veut aussi dire qu’il y aura des jours moins roses que d’autres, je ne te laisserai plus gagner sur moi.

Annie Chamass
ANNIE CHAMASS
Crédit : Stokkete/Shutterstock.com

Annie Chamass

Après quatre ans d’infertilité, une deuxième barre s’affiche sur mon test de grossesse. Bien que tant désirée, j’étais rendue au point de faire le deuil de la maternité humaine; c’est le choc. Déjà fière maman de 6 bestioles poilues, me voilà maintenant mère d’une 5 mois pleine de vie et d’amour à partager. Étudiante à la maîtrise (j’étudies mes compétences parentales!), nouvellement propriétaire d’une maison presque centenaire et remplie de mauvaises surprises en pleine campagne bas-laurentienne, j’apprends à devenir maman. Chaque jour me ramène à mon incompétence à être une mère parfaite et je dois vous avouer…. que j’adore ça!

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7 Comments

  • Tellement ce que je vie… c’est tellement bien expliqué!!! Beaucoup de gens ne comprendrons pas ce texte mes quand on a lu ceci ont ne se sent moins seul! Malgré une médication elle est la quand même mes c’est de comprendre et de se sentir moins seul qui fait la grosse différence…

  • L’anxiété, c’est difficile, mais ça se soigne. C’est le symptôme de quelque chose qui cloche et si ça prend autant de place, c’est que ce que ça cache en prend tout autant. Je te souhaite de trouver la source, de la suivre jusqu’à sa naissance et de comprendre ce qui déclenche cet ouragan. Je l’sais que tu es capable. Amour et paix ma belle Annie ❤

  • Moi aussi, je viens de commencer une médication pour l’anxiété. Au début je ne voulais pas en prendre, mais je m’y suis ait à l’idée. Pas le choix si je veux que cette sensation qui me serre en dedans s’amenuise.

  • moi aussi je vie cela depuis septembre et je me sens mal dans ma peau il a des jours ou je me demande si je vais mourrire tellement que je me sens pas bien je ne suis plus la meme personnemais je prend medicament que controle bien esperre retrouvemon corps un jour sens cette anxiete qui me derange tout les jours

  • C’est tellement ça! Ça fait toujours du bien de savoir qu’on n’est pas seule dans cette situation. Merci!

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