A smiling girl is reading a book; isolated on the white background

À toi, la p’tite grosse : ma fille est une toutoune

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Ma fille,

J’aimerais ça te dire que ce n’est pas si grave. Que la beauté est à l’intérieur. Que les gens qui t’aiment vraiment vont comprendre. Que ceux qui sont méchants, que ceux qui te diront des paroles blessantes et te regarderont avec dégoût ne méritent pas que tu leur portes attention. Mais, je me dois de jouer mon rôle d’adulte. Toute vérité n’est peut-être pas bonne à dire. Mais je sais ce que tu vis. Je suis aussi consciente que tes bourrelets et tes bourgeons de seins te font sentir différente, même pas passé la dizaine. Aujourd’hui, je prends mes gants les plus blancs pour te mettre en garde, te prévenir, te protéger, mais aussi te conseiller par rapport à notre société superficielle et exigeante.

Tu as de superbes qualités, ne l’oublie jamais. Ton amour pour la musique, les arts et la lecture font de toi une jeune fille sensible et avec une imagination débordante. Lorsque tu te donnes à fond dans un projet, tu y verses corps et âme et c’est donc beau de te voir aller. Ta persévérance hors du commun te rendra possiblement de grands services dans la vie. Ce qui me fait peur, d’autre part, est ta grande insécurité. J’entends cette petite voix, au creux de  mon oreille, qui me dit que certaines personnes n’auront jamais la chance de te voir à l’œuvre.

Car tu devras rencontrer des gens. Tu devras déambuler dans un corridor bondé de monde. Tu devras affronter des foules de gens inconnus, passer des entrevues, te changer dans un vestiaire de filles dans ta future école secondaire. Je te vois marcher la tête basse, tirant sur ton chandail pour cacher tes rondeurs et j’ai envie de crier « t’es bonne, t’es belle, t’es fine, t’es capable ». Voici donc quelques conseils qui, j’espère, t’aideront à croire en cette phrase que j’aimerais pouvoir t’entendre dire à l’infini pour te pousser à aller de l’avant.

Sois bonne, mais pas bonasse. Selon les critères de notre société moderne, tu ne te conformes pas aux critères de beauté. Et tu seras fort probablement une cible facile de tes consoeurs de classe. Elles abuseront peut-être même de ta générosité sans borne en troquant des réponses d’examen contre de fausses promesses d’amitié. Sache les reconnaître et apprends à dire non. Elles seront méchantes, te feront probablement pleurer, mais tu ne le regretteras pas. Parles-en à quelqu’un de confiance.

Sois belle, autant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Fais de bons choix alimentaires, vestimentaires, et privilégie des activités qui te font bouger. Si tu penses que ce n’est pas facile, demande de l’aide. Il y a une foule de choses à manger qui sont délicieuses et qui restent bonnes pour la santé. Ça ne devrait pas être une corvée. Peut-être auras-tu à travailler plus fort que d’autres (Dieu que je te comprends!), mais tu y arriveras. Cuisiner des petits plats avec nous. Dis-nous que tu veux de la couleur dans ton assiette! Magasine des vêtements qui te font sentir belle et respire l’air frais.

T’es fine mais fais en sorte que ça paraisse. Tu dois développer ta confiance en toi, vivre des réussites. N’abandonne pas au premier effort. Je sais que tu seras incapable de développer des amitiés si tu n’as rien à offrir, si tu ne t’aimes pas. Ta personnalité deviendra radieuse aux yeux des autres si tu souris, relèves la tête et t’intéresses aux autres. Essaie de voir le positif autour de toi. Entoure-toi de gens qui voient le verre à moitié plein et partage tes passions.

T’es capable d’être forte. D’affronter les obstacles. De miser sur tes qualités et laisser tomber le superficiel. Ce n’est pas en te renfermant dans ta bulle et en t’isolant que tu réaliseras ton plein potentiel. Va vers les gens, conserve tes belles valeurs et de grâce, ne tombe pas dans le piège de la malnutrition. La privation et l’abus ne sont jamais les solutions. Donne-toi des petits défis et une méthode pour les réaliser. L’important, c’est de vivre des réussites qui te permettront d’avancer. Et n’attends pas les « bravos », donne-toi les toi-même – ils vont venir bien plus vite.

Ce qui me fait peur, aujourd’hui, ce n’est pas le regard des autres. Je sais ce qui s’en vient pour toi de ce côté. Par contre, quand je te vois saliver devant une poutine, un Kraft Dinner ou un énorme gâteau tel un enfant qui aurait accès à tous les jouets du Toys »R »Us, j’ai de la peine. Quand je t’offre d’aller à la piscine avec moi, mais que tu préfères regarder la télé, je trouve ça dommage.

Mais je ne te laisserai pas tomber. Jamais.

Et je vais continuer d’être le meilleur modèle possible pour toi jusqu’à tu saches te dire à quel point tu es bonne, belle, fine et capable, en y croyant.

Maman

La Collaboratrice dans l'Ombre
LA COLLABORATRICE DANS L’OMBRE
Crédit : SergiyN/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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