woman asleep with her baby

La claque dans la face de la maternité

woman asleep with her baby

Avant de devenir une maman, j’étais une non-maman. Celle qui pense tout savoir de la vie.

J’avais des idées préconçues qu’on appelle des préjugés. Je jugeais les femmes qui se disaient mère au foyer. Je les trouvais donc paresseuses, lâches d’abandonner le marché du travail pour se prélasser sur leur divan. Je me disais que c’était égoïste et mauvais pour l’économie de choisir de ne pas travailler, qu’on reculerait de quatre-vingt ans en arrière si tout le monde faisait comme elles, avant que le féminisme libère la Femme pour la garrocher dans la jungle du marché du travail.

Puis, je suis devenue mère et j’ai compris.

Je me suis ouvert les yeux sur la réalité de la maternité. J’ai appris comme une claque dans la face qu’être parent, c’est difficile, surtout quand ça fait un an que t’as pas dormi.

J’ai appris à mes dépens qu’être mère au foyer voulait aussi dire exercer toutes les professions qui existent. Secrétaire, agente de la paix, éducatrice, massothérapeute, vache laitière (!), agente de gestion des cataclysmes, responsable de l’environnement, pharmacienne, nutritionniste, hygiéniste dentaire, Juge de la Cour suprême, psychologue, horticultrice, experte en réparations mineures de la maison, ministre des Affaires sociales, diplomate, femme de ménage, préposée aux bénéficiaires, infirmière, cuisinière, plongeuse, commis aux marchandises, habilleuse, comptable, fée des dents… bref, de quoi permettre l’épanouissement de n’importe quelle femme moderne. J’ai soudainement réalisé que retourner sur le marché du travail, après un an de non-sommeil, dans un état aussi lamentable (mes cernes parlent d’eux-mêmes), tiendrait du surréalisme. Sans parler de la déchirure innommable qui se produirait au moment de laisser mon mini entre les mains d’un service de garde.

Et puis, je ne suis pas une Superwoman.

Ma patience et ma santé mentale sont mises à l’épreuve tous les jours; mes temps libres, réduits à néant.

Mais surtout, mon enfant m’a transformée. Cette petite frimousse m’a fait réviser mes priorités, remis mes valeurs à la bonne place et fait comprendre ce qui est réellement important dans la vie. Dans mon cas, c’est être présente dans la vie de ma progéniture le plus longtemps possible, afin de la voir s’épanouir dans le bonheur (relatif) d’une famille aimante et unie. Pis, de temps en temps, dormir. Le reste, c’est du luxe, du surperflu, un bonus de la vie. Si on l’a, tant mieux, sinon, tant pis.

J’admire celles qui ont l’énergie de travailler en même temps que de jouer le rôle de mère (double shift), mais ce n’est pas pour moi. Moi, la vieille mère de trente-six ans, je ne veux plus me presser tous les matins pour me préparer, préparer ma marmaille et me taper le trafic pour aller les dropper à la garderie matin et soir.

Alors, à toutes les mères au foyer du monde, je vous présente mes excuses pour mes jugements non fondés et je vous dis chapeau pour l’ampleur de la tâche qui vous incombe, parce que je le vis désormais au quotidien.

Si vous vous sentez interpellées par ce billet, partagez-le. Faites savoir aux hommes, aux papas, aux amis sans enfants, aux futures mamans, qu’on doit tous une fière chandelle aux femmes de ce monde qui ont choisi de se consacrer corps et âme, à temps plein, au bien-être de leur(s) enfant(s).

Parce qu’une famille heureuse est ce qui est de plus précieux dans la vie.

Marie Lune
MARIE LUNE
Crédit : Antoniodiaz/Shutterstock.com

La Collaboratrice dans l'Ombre

La Collaboratrice dans l'Ombre est la couverture utilisée par toutes les collaboratrices de l'équipe qui souhaitent écrire des articles crus et criant d'une vérité sans filtre. Souhaitant exprimer et assumer leurs opinions sans pour autant blesser leur entourage immédiat, elles préfèrent alors utiliser le couvert de l'anonymat.

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5 Comments

  • Une autre possibilité : la mère qui n’a pas le choix de retourner travailler parce qu’autrement la famille serait à rue? Heureuses les mères qui ont le choix de pouvoir rester à la maison ou de retourner travailler! 🙁

    • Marie pour te répondre, je connais plusieurs mamans qui ont fait le choix de rester avec leur enfant, qui font l’école-maison et qui vivent de l’aide sociale et non elles ne sont pas à la rues, elles choisissent leur priorité, en somme elles choisissent leur enfant. La vie est faite de choix, on se doit pas subir la vie, on doit la choisir!

  • Chouette article.

    J adhère complètement. Je suis en «congés» parental. Rien que de le titre de «mon poste», on peut être certain que c est soit un homme soit une femme sans enfants qui a proposé cet intitulé. Je dois avouer que je cherche toujours mon «congés» dans l histoire.

    Enfin bon, j ai le droit à deux belles années pour me faire à mon titre et pour l instant -après 6 mois de bébé n°2- je trouve ça costau la vie à la maison. Ne serait-ce que parce que ma vie sociale se résume à l école ou que ce n est pas valorisant d’être en congés (entre la famille qui assimile ça à de la paresse et l homme qui parfois me prendrais pour une vraie boniche…).

  • Merci. Maman au foyer depuis 7 ans bientôt, je me reconnais complètement dans vos lignes. Merci ! (J’en profite pour vous glisser une toute minuscule remarque : vos cernes, je pense qu’elles parlent d’ELLES même, non ?) 🙂

  • Bravo Marie-Lune,
    Merci pour votre spontanéité, votre franchise, votre générosité… Une amie m’a transmis votre site.. C’est extrêmement rare que j’écris sur des bloques… Nous avons 4 enfants dont le plus âgé à aujourd’hui 20 ans… Nous n’avons jamais travaillé les deux parents en même temps, sauf depuis un peu plus de 2 ans. C’était une règle bien établie avant notre mariage. Au début, les 5 ou 6 premières années, ce fut mon épouse qui s’occupât des enfants, Évidemment, cela nous a mis dans une situation financière précaire. Mais, nous avons coupé là où c’était nécessaire : pas de câblo, ni de cellulaire, ni d’auto neuve, pas de resto (ou très peu) et une maison avec des rénovations qui ont attendus, des cadeaux de fête modestes, des habillements parentaux à la « Saint Vincent de Paul », et même la mendicité alimentaire occasionnelle auprès de notre paroisse, des parents et amis, etc. Bref, pas de luxe, pas de superflu, que l’essentiel. Par la suite, mon épouse retourna sur le marché du travail et je m’occupais des enfants (ils avaient alors tous 6 ans et plus) jusqu’en 2016 où je suis retourné sur le marché du travail à temps plein… Si c’était à refaire, je le referai sans hésiter. Étant issue d’une famille de divorcés ultra conflictuels, je sais ce que cela entraîne pour les enfants : dépendance affective, angoisse, addictions, colère, voire désespoir. Pour ma part je voulais éviter ce que j’ai vécu à mes enfants. Les enfants sont les « semences » de demain et si on ne leurs donne pas ce dont ils ont le plus besoin : harmonie, paix, vérité, amour et sécurité, et donc, au contraire si nous ne leurs donnons pas l’essentiel (c’est-à-dire le contraire du matérialisme), nous les piétinons; nous les trahissons et les rendons semblables à des mercenaires! Encore bravo pour votre dévouement et votre grande lucidité pour vos enfants!

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