man sad crying

Un homme aussi

man sad crying

On parle souvent des nouvelles mamans ou même des super mamans, t’sais, celles qui s’oublient après la naissance de leurs enfants. La femme et l’amoureuse qu’elles étaient ne sont que des souvenirs. T’sais, celles qui rentrent à l’Aubainerie s’acheter un beau chandail pour leur sortie du samedi soir et qui repartent avec douze morceaux de linge pour les enfants, après avoir décidé de porter un vieux morceau qu’elles ont déjà. Dans l’fond, pas mal toutes les mamans sont comme ça.

Et bien moi, après une carrière prenante, une maison et deux enfants back-à-back, c’est mon homme qui s’est oublié. Et je n’ai rien vu venir, moi, la nouvelle super maman over loadée par les changements de couches, les pleurs et les rendez-vous chez le médecin. J’avais pas remarqué à quel point mon homme s’était perdu.

Je me disais que j’aimerais ça, avoir un chum qui m’aide, qui soit plus présent, plus attentif, plus amoureux, plus paternel. J’étais remplie de reproches et je paufinais mes remarques à cent piastres à la journée longue, prête à les lui lancer dès qu’il allait rentrer. Dès que j’allais le croiser. Croiser le chanceux qui partait de la maison à quatre heures du matin juste avant le boire de ma plus jeune et qui revenait le soir vers vingt heures, croisant les enfants vite fait et récoltant tous leurs sourires. Sourires auxquels je n’avais pas eu droit, moi, de toute la journée.

Je me transformais en femme de ménage de fin de soirée une fois les enfants couchés pis des fois, j’me disais qu’il devait attendre au coin de la rue que les enfants dorment pour ne pas entendre les pleurs, changer des couches et donner des bains.

Puis, un bon matin, on  s’est fait réveiller par le chanceux qui se levait à quatre heures et cherchait ses clés, moi et les p’tits. Je me suis levée et je lui ai lancé les phrases toutes faites que j’avais répétées des centaines de fois dans ma tête. Je m’attendais à un débat qui viendrait mouvementer ma journée de super maman. Mais, je me suis trompée. C’est là, à ce moment précis, que j’ai vu mon homme s’effondrer, plutôt l’homme qu’il était devenu s’est effondré.

En fait, ce n’était même plus un bout de mon homme. Il était transparent, son regards était vide, ses yeux reluisant de peine. Il était cerné. Il était décoiffé et exténué.

Puis j’ai compris. J’ai compris qu’il existait des super papas. T’sais, ceux qui travaillent à ne plus compter les heures pour être certain que leur famille manque de rien. Ceux qui sacrifient leurs moments avec leurs enfants, sans s’en rendre compte, parce qu’ils se sont mis tellement de pression sur les épaules pour subvenir aux besoin de leur famille. À la naissance des enfants, ils ont eu un déclic, celui d’une mission à accomplir. Pas question d’échouer.

Mon homme était un super papa et il venait de flancher. Il s’était complètement sacrifié pour faire passer sa famille d’abord. Il ne savait plus ce que c’était de penser à lui, d’aimer quelque chose, d’avoir des loisirs ou une passion.

Et moi, la super maman, j’ai réalisé à 5h57 ce matin-là qu’un homme aussi pouvait s’oublier après la naissance des enfants.

La Fée Imparfaite
LA FÉE IMPARFAITE
Crédit : Karel Miragaya/123RF.com

La Fée Imparfaite

J’étais un oiseau de nuit, je détestais la lumière. En onze mois, j’ai troqué les verres d’alcool pour des biberons de lait. J’ai le syndrome de Peter pan, je ne veux pas grandir, ou plutôt j’ai peur de grandir. Maman de deux enfants en onze mois et femme d’un prince charmant, j’essaie de faire de mon mieux pour faire de leur vie, un conte de fée. Et je vous avoue que j’échoue six jours sur sept mais une chose est sûre : je n’abandonne jamais.

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