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Mon amour, je m’ennuie de toi depuis qu’on a des enfants

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Mon amour. Je m’ennuie de toi.

Je m’ennuie même si nous vivons sous le même toit. Même si nous dormons chaque soir dans le même lit.

Nous partageons ensemble notre quotidien. Nous partageons ensemble toutes les tâches de la maisonnée. Nous partageons ensemble l’éducation de nos superbes enfants.

Malgré cela, j’ai l’impression que nous ne partageons plus rien ensemble. Je ne retrouve plus le nous. Et je m’ennuie de nous.

Je ne remets pas en question notre choix d’avoir eu de si beaux enfants. Je sais aussi que tu ne le remettras jamais en question toi non plus. Nous n’imaginerions plus notre vie sans eux. Nous les aimons plus que tout.

Mais j’ai parfois la nostalgie d’avant. D’avant que nous soyons une famille.

J’ai la nostalgie de la vie à deux.

Je sais que nous ne pouvons pas y retourner, dans cette vie. Mais parfois, cette nostalgie me noue l’estomac. Cette nostalgie m’embrouille les yeux. Cette nostalgie reste coincée dans ma gorge.

Aujourd’hui, mon bel amour, je vais te la raconter, cette nostalgie de notre vie à deux. Question que nous n’oublions pas qui nous étions, en tant que nous deux. Et qui sait, peut-être nous retrouver un peu.

Je m’ennuie de la vie où nous nous préoccupions que de nous deux. Aucune gestion en dehors du nous. Chaque décision était prise en fonction de nos besoins, de nos envies, de nos horaires. Le quotidien était plus simple. Les compromis plus rares. La vie plus douce.

Je m’ennuie de la vie où nous n’étions encore que des amoureux de fins de semaine, où nous avions encore chacun notre propre chez-nous. Je m’ennuie de la frénésie qui augmentait plus les jours de la semaine avançaient. Chaque heure qui nous séparait l’un de l’autre nous faisait languir. Quand nous nous retrouvions enfin, les papillons envahissaient littéralement nos intérieurs.

Je m’ennuie de la vie où nous passions nos soirées collés l’un sur l’autre, sans aucun but précis. Aucun plan de soirée, si ce n’est celui de s’embrasser à qui mieux-mieux. Se frencher à en perdre le souffle. Je me souviens encore de la sensation brûlante que ta barbe naissante laissait sur mon menton. Nous n’étions jamais assez près l’un de l’autre. Nous vivions dans le regard et le souffle de l’autre.

Je m’ennuie de la vie où nos jours et nos nuits n’étaient pas planifiés au quart de tour. Parfois, nous soupions à 23 heures. Parfois, nous déjeunions à 15 heures. Nos matinées étaient plus que grasses et s’étiraient bien souvent toute la journée. Nous vivions au rythme de nos appétits et de notre sommeil. Et nous dormions en cuillère, tout le temps.

Je m’ennuie de la vie où nous décidions de ce que nous allions faire au moment même où nous avions envie de le faire. Notre quotidien était pimenté de sorties improvisées, de destinations inconnues. Le calendrier de la parfaite maman n’existait pas encore sur notre réfrigérateur. La spontanéité, elle, par contre, était bien présente. Elle nous emmenait là où bon nous semblait.

Je m’ennuie de la vie où nous pouvions rester éveillés tard le soir, sans peur du lendemain. Nos soirées étaient bien souvent arrosées abondamment autour d’une table entre amis. Dans cette vie, nous n’avions pas encore à décider qui de nous deux allait devoir se sacrifier aux petites heures pour la levée du corps des enfants. Nous n’avions que nos deux corps à lever, le mal de tête passé.

Je m’ennuie de la vie où nous faisions l’amour souvent. Où nous faisions l’amour tout le temps. Peu importe l’heure du jour. Peu importe la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Personne ne pouvait nous entendre, personne ne pouvait nous surprendre. Nous n’étions pas dans l’obligation de faire preuve de discrétion. Nous vivions notre amour en plein jour, plusieurs fois par jour.

Je m’ennuie de la vie où nous avions la tête pleine de projets. La vie où nous imaginions la maison de nos rêves, la vie où nous imaginions les enfants que la vie nous apporterait peut-être. Nous avions la tête pleine d’images de notre avenir, sans en avoir les responsabilités. Nous étions libres et nous vivions dans l’espérance de multiplier notre bonheur un jour en fondant une famille.

Et nous l’avons fait.

C’est grâce à ce nous que nous perdons bien souvent de vue que notre famille existe. Que notre bonheur existe.

Il ne faut surtout pas l’oublier. Il ne faut surtout pas nous oublier.

Mon bel amour, je m’ennuie de toi. Je m’ennuie de nous.

Je sais que cette vie à deux est derrière nous. Mais que dirais-tu que l’instant d’une journée ou d’une soirée, nous y replongions pour nous souvenir pourquoi nous existons?

Si nous faisions parfois une petite incartade à notre quotidien pour nous retrouver, pour partager un moment à nous, pour nous?

Prenons soin de nous deux, mon amour.

Parce que nous deux, nous sommes les fondations du reste de notre vie.

La vie que nous avons choisie.

Crédit : Hrecheniuk Oleksii/Shutterstock.com

Audrey Roy

Super-maman de trois enfants dans la trentaine avancée, directrice en chef de ma famille reconstituée (presque) parfaite, ma vie est une source inépuisable de délires familiaux à écrire. Étant une ex-abonnée de l'organisation extrême, le petit dernier m'aura appris que le lâcher-prise est une valeur sûre pour survivre à mon quotidien. Fière mère indigne, écrire est pour moi un véritable plaisir coupable. Au plaisir de vous faire sourire (et de vous faire sentir moins seules dans vos tourments).

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2 Comments

  • prend les choses en main, même avec des enfant son peut encore s’accorder un espace pour nos couples.

    Prendre conscience de la détresse et des actes de chacun pour y remédier. Après c’est sûr que se faire un diner cinoche, si on a pas belle maman dans les parages c’est chaud. (mais en même temps si elle n’est pas dans les parages ça fait du bien aussi ^^)

  • Merci pour ce superbe texte, si merveilleusement bien écrit. Il porte à réfléchir sur le quand, comment et pourquoi nous en sommes arrivés là. Quelle belle aventure cette vie de famille!

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