enfant nez fenêtre

Lettre à ma fille

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Ma belle fille,

Je te vois grandir à chaque jour et tu deviens une grande fille merveilleuse. Tu possèdes de belles qualités et je tente de continuer à t’inculquer de belles valeurs qui t’aideront à être heureuse dans la vie. Mes parents ont fait le même cheminement avec moi, et tu feras de même lorsque tu seras maman à ton tour. Tu sais, je croyais qu’être heureuse et être en amour faisaient de moi une femme comblée et prête à avoir des enfants. Mais, il y a plusieurs choses qu’on ne m’avait pas dites et que je partage avec toi aujourd’hui.

Non, la journée de l’accouchement n’a pas été la plus belle journée de ma vie car j’ai souffert pendant des heures. Je trouvais même cela étrange d’avoir un enfant dans le ventre pendant des mois, et quand le médecin t’a mise sur mon ventre, j’étais à la fois épuisée par les efforts et angoissée de ne pas savoir comment être une bonne mère. Mais au cours des journées qui ont suivi, on s’est apprivoisées et je suis tombée en amour avec toi. Un amour qui grandit maintenant chaque jour.

Avoir des enfants est la plus belle chose au monde, me disait-on. Cela est vrai mais personne ne m’avait prévenue, ou peut-être n’y avais-je pas porté attention, que lorsque l’on veut offrir le meilleur à nos enfants que l’on adore, on s’oublie, quitte à y laisser notre santé mentale et physique.

Lorsque les enfants sont petits, on porte des vêtements confortables pour faciliter nos mouvements et on oublie notre féminité et notre fierté. On sort sans maquillage avec un petit peu de lait séché sur l’épaule. On ne trouve pas ça grave car l’important c’est que nos enfants ne manquent de rien. Je te le dis, j’en ai souvent oublié ma douche quotidienne par manque de temps ou d’épuisement.

On apprend à vivre avec la routine, celle-là même qu’on avait jadis en horreur. On met de côté notre carrière pour un temps.

Je me suis laissé prendre au jeu. Mes enfants sont devenus ma priorité et plus rien d’autre ne comptait.

Ce n’est pas rose tous les jours, tu sais. Il faut continuellement s’assurer que vous ne manquez de rien et que personne ne vous fasse de la peine.

Ce que je trouve le plus difficile et qui demande le plus d’énergie est de vous enseigner comment agir en société pour que la vie vous soit la plus douce possible. La discipline est un travail au quotidien. Mais ma récompense est de vous voir ou d’entendre de beaux commentaires à votre sujet venant de l’extérieur. J’ai donc appris à être plus tolérante à la maison pour vous laisser exprimer vos colères et laisser sortir vos frustrations de votre journée d’école.

L’un de mes moments préférés est celui où nous nous entassons les trois (avec ton frère) dans le lit le soir pour lire une histoire. Toutes les chicanes de la journée s’effacent et mon cœur se remplit d’amour.

Lorsque tu seras maman, non seulement ton temps sera consacré à tes enfants mais le plus prenant est que ton cerveau ne connaîtra plus jamais la paix. Tu vas maintenant penser pour deux ou pour trois ou pour quatre. Tout le temps.

Même lorsque vous êtes à l’école, je me demande comment vous allez et si vous vous êtes fait intimider ou alors si vous avez du plaisir avec vos amis. Lorsque vous dormez, je me demande parfois ce que vous réserve la vie et si demain, vos peines et vos angoisses seront disparues. Je n’ose pas imaginer mes tourments lorsque vous serez adolescents et que vous quitterez en voiture avec vos amis.

Chaque jour tu t’occuperas des repas, des lunchs pour l’école, des devoirs, de conduire tes enfants à leurs activités, tu soigneras leurs bobos, réconforteras leurs peines, inventeras des excuses pour expliquer pourquoi papa est encore de mauvaise humeur ou pourquoi il n’est pas souvent à la maison. Comme moi, tu vas perdre patience envers tes enfants et tu te sentiras coupable avant de t’endormir. Tu iras te cacher pour pleurer lorsque ton conjoint te fera de la peine ou lorsque tu te sentiras dépassée par les événements. Tu n’auras probablement plus beaucoup de temps pour voir tes amies. De toute façon, elles seront aussi occupées que toi.

Avoir des enfants est l’expérience la plus difficile à vivre. Mais de très loin la plus belle. Toi et ton frère avez donné un sens à ma vie et tout le reste est devenu futile. Et si je réussis à vous faire vivre une belle enfance, je pourrai dire que j’ai accompli ma mission.

Vos sourires, vos caresses, vos confidences, votre empathie envers moi et les autres me touchent beaucoup et valent toutes les paies du monde.

Caroline Mathieu
CAROLINE MATHIEU
Crédit : pixabay.com

Caroline Mathieu

J’avance doucement dans la trentaine et je suis une femme accomplie. Je possède plusieurs diplômes universitaires, différents prix et reconnaissances du milieu scientifique et un curriculum vitae bien garni. Pourtant, c’est de mon rôle de mère dont je suis la plus fière. Ce rôle m’a permis de repousser mes limites et de réaliser que le désir de performer ne devait plus guider ma vie. Je me permets donc d’être imparfaite avec mes deux enfants de 7 et 8 ans. Au plaisir de partager avec vous mes bonheurs et frustrations de ma vie de maman.

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11 Comments

  • Wow! Quel beau texte touchant Caroline! Tu exprimes ce que je ressens envers mes 3 enfants. Quel beau partage!

  • Tout comme des milliers de mamans J’aurais pu écrire ce texte. J’ai élevé mes 2 filles entièrement seule. Nous avons toutes les 3 eu une merveilleuse vie. Famille, amies, connaissances disaient de nous 3 que nous étions tricotées serrées. Amour, voyages, écoles privées, ouverture d’esprit etc. Je peux dire avec certitude que j’ai i accompli ma mission. Mais à la fin je n’ai pas le droit à ma paie!! . Leur ingratitude et leur manque total d’empathie me tue. Malheureusement, après 25 années de don total je ne peux que constater un certain échec.

    • Si cela peut vous encourager, certaines filles reviennent avec un beau lien avec leur mère lorsqu’elles deviennent maman à leur tour… c’est à ce moment qu’elles comprennent ce que vous avez fait pour elle. Courage!

    • Courage….nous sommes certainement plusieurs à vivre ce sentiment d’échec ou de frustration une fois qu’ils atteignent la vingtaine. Maman de 4 enfants, je vis des moments difficiles avec ma fille de 23 ans. Je lui ai tout consacré, à elle et ses frères -sœur, Et aujourd’hui elle ne semble heureuse que lorsqu’elle claque la porte de la maison ( où elle vit encore) pour sortir et voir ses amis. Nous ne partageons presque plus rien…..pour le moment…..ai-je envie de croire

    • Je suis dans le même cas Monique.
      J’ai milité seule contre vent et marais pour que mes 2 filles ne manquent de rien…
      Mais j’ai eu la plus grosse claque jamais vue.
      La petite ma assassinée, mon coeur a cessé de battre.
      Hier, elle a eu son 1er bébé. Dois-je espérer qu’il lui rendra cette claque ?

  • Magnifique et tellement vrai! J’ai eu la chance de devenir maman à 19 ans <3
    J'ai vécu des moments très douloureux dans ma relation avec ma fille depuis son adolescence. L'ayant élevée seule, il n'a guère été facile de me positionner dans tous ces rôles que la vie nous impose…
    Mon bébé va avoir 21 ans et je dois avouer que malgré toutes les larmes qui ont été versées et qui ont coulé sur mes joues que je suis, à l'heure où je vous écris, entièrement comblée par notre relation et qu'effectivement la maturité et surtout le temps permettent à nos enfants de réaliser au combien rester loin du conflit peut être tellement plus agréable que de vouloir s'imposer à l'autre.
    Pour y parvenir, j'ai dû faire preuve d'une infinie sagesse qui a été de m'enfermer dans ma bulle et de fermer la porte à tout conflit en décidant de laisser ma fille "gérer sa vie" comme elle le souhaitait. Tout contact fût coupé durant 8 mois, ce qui fût une douleur intense inexplicable.
    Depuis peu, ma fille a repris contact avec moi en me disant que ma présence lui manquait… Comme mes larmes ont coulé durant de nombreuses heures…comme je me sens "heureuse" de réaliser que cette distance que j'ai décidé d'installer a porté ses fruits.
    Laissons nos enfants évoluer à leur rythme… et surtout accepter qu'un jour ils voleront de leurs propres ailes, comme bon leur semble!
    Je t'aime ma fille <3

  • La lettre de Caroline est conforme a la realite, une realite touchante. C’est vrai pour celles qui se consacrent totalement a leurs enfants, on se neglige parfois la priorite etant celle de nos enfants.
    J’ai de tres bonnes relations avec ma fille, elle a voulu partir a l’etranger pour faire ses etudes, nous parents en avons beaucoup parle avec elle, avons peses le pour, le contre, nous lui avons fait confiance. Elle a reussi dans ses etudes (elle a eu son Master) et a toujours travaille. Par contre, quand elle a voulu partir, dans ma tete cela ne serait que pour un temps… Hors elle a rencontre sa moitie a 1200km, elle y vit depuis 7 ans et vient d’avoir un bebe.
    Je ne vous cache pas que les separations sont douloureuses a chaque depart, mais je me console en me disant que nos avons accepte son choix, son compagnon et qu’elle est tres heureuse comme cela.
    Elle m’a quand meme dit que sa plus grande deception est que nous ne profiterons pas pleinement de son bebe, alors nous nous visitons comme nous le pouvons, mais la distance reste pesante, meme si avec le temps on finit par s’habituer…
    Bea

  • Bonjour
    Mère célib depuis toujours, j’ai mis au monde 2 personnes devenues adultes 23 et 34 ans.
    Avec le recul, je me dis « c’est ça être maman ? » – toujours sur le pont, implication, abnégation, donner de soi, s’appliquer, s’impliquer, ne plus exister pour soi et surtout surtout, c’est en le réalisant que bien trop tard, remettre en les mains d’autre que soi même le pouvoir de vie et de mort sur nous même. Des larmes j’en ai versée pour 3 générations, à genoux pliée par la douleur de leurs mots leur regard méprisant de bourreaux sataniques jouissifs . Voilà ce que deviennent ces petites merveilles (parfois). Aujourdh’ui je fais le bilan : « ils ont tuer la mère ». J’accepte, je lache, je renonce. Et je me tourne vers celle qui reste, qui a toujours été là, que je ne voyais pas, qui m’attendais patiemment…… MOI !

  • Bonjour
    Mère célib depuis toujours, j’ai mis au monde 2 personnes devenues adultes 23 et 34 ans.
    Avec le recul, je me dis « c’est ça être maman ? » – toujours sur le pont, implication, abnégation, donner de soi, s’appliquer, s’impliquer, ne plus exister pour soi et surtout surtout, c’est en le réalisant que bien trop tard, remettre en les mains d’autre que soi même le pouvoir de vie et de mort sur nous même. Des larmes j’en ai versée pour 3 générations, à genoux pliée par la douleur de leurs mots leur regard méprisant de bourreaux sataniques jouissifs . Voilà ce que deviennent (parfois) ces petites merveilles. Aujourdh’ui je fais le constat : « ils ont tuer la mère ». J’accepte, je lache, je renonce. Et je me tourne vers celle qui reste, qui a toujours été là, que je ne voyais pas, qui m’attendait patiemment…… MOI !

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