nouveau-né un autre

En voulez-vous un autre ?

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Quand tu deviens maman, tu te fais poser des tas de questions. Beaucoup de questions. Trop de questions. Mais il y en a une qui revient toujours. Famille, amis, étrangers, tout le monde se permet cette question qui semble si anodine.

« En voulez-vous un autre ? »

Comme si on te demandait si tu allais reprendre du café. Tu ne leur en veux pas. Toi aussi, c’est une question que tu poses souvent aux autres parents. On est curieux, on veut savoir, on demande. Tout simplement. En plus, c’est somme toute facile de répondre. Tu réponds « oui » si tu veux un autre enfant, « non » si ta famille est complète.

Mais pour toi ce n’est pas si simple que ça. Ça fait que tu lâches un « ooooh, on ne sait pas vraiment » suivi d’un petit rire nerveux.

La vérité ? C’est que tu le souhaites plus que tout, cet autre enfant. Tout ton être le réclame. Chaque instant de ta journée te rappelle à quel point tu le désires. Quand tu berces ton plus jeune. Quand tu prends la petite puce de ta meilleure amie. Quand tu fais le ménage du sous-sol et que tu n’oses pas encore te débarrasser de tes affaires de bébé. Même quand tu te lèves la nuit pour consoler ta grande qui vient de faire un cauchemar. C’est à la limite de l’obsession.

Pour toi, ça a toujours été clair que tu en voulais un autre. Tellement clair que ton chum et toi, vous ne vous êtes pas dit que ton plus jeune serait le dernier. Peut-être que tu n’as pas voulu aborder le sujet parce que tu te doutais de sa réponse.

Mais toujours est-il que tu n’as pas vécu les moments importants des trois dernières années comme si c’était les derniers. Ta grossesse. Ton accouchement. Les premiers mois de bébé, ses premiers pas, ses premiers mots. Tu es passée à travers tout ça en te disant qu’il y aurait une prochaine fois.

C’est quand le mot « vasectomie » est sorti de la bouche de ton chum que ton monde s’est arrêté de tourner. Ça t’est tombé dessus comme une tonne de briques. Lui, ne voulait pas d’autre enfant. Après deux enfants, il était prêt à accrocher le sac à couches et passer à la vitesse de croisière de votre vie familiale. Ton projet d’un petit dernier venait de prendre une méchante débarque.

Quand tu penses avec ta tête, c’est vrai que ses arguments font du sens. La fatigue ne vous a plus quitté depuis la naissance du plus jeune, qui comprend depuis quelques mois à peine que la nuit c’est fait pour dormir. Vos journées ne sont plus rythmées par les biberons et les siestes, et la liste des activités que vous pouvez faire en famille commence enfin à se diversifier. La gestion de la routine familiale est déjà un casse-tête incroyable et vous trouvez à peine le temps de souffler une fois la journée terminée. Le budget est déjà serré et ils sont encore tout petits, on ne parle même pas de frais scolaires, de traitements orthodontiques, de sports ou de vacances familiales.

Mais justement. Tu n’as pas envie de penser avec ta tête. Cet enfant-là, tu le sens dans tes tripes. Tu le sais qu’il n’y aura jamais de bon moment pour avoir un enfant. Qu’on ne se sent jamais assez prêt. Qu’il y aura toujours des questions sans réponses. Mais tu as envie de foncer quand même.

Chaque mois qui passe, cet autre enfant s’éloigne un peu plus et ça te fait paniquer. Tu as peur de regretter toute ta vie de ne pas suivre ce que ton cœur te crie.

En même temps, la famille que vous avez bâtie te rend heureuse. Ton chum, c’est le meilleur des papas et tu ne veux pas tout risquer ça en lui imposant un enfant dont il ne veut pas.

Ça fait que t’es là, avec ton envie d’un autre enfant et ton chum qui rêve de changer sa familiale pour un char sport.

Pis ton cœur qui se déchire un peu plus à chaque fois qu’on te demande si tu en veux un autre.

Marie-Ève Piché
MARIE-ÈVE PICHÉ
Crédit : pexels.com

Marie-Ève

Maman de « fausses » jumelles de 4 ans qui se ressemblent pourtant comme des vraies et d’un garçon de bientôt 2 ans amoureux des tracteurs et de toute activité impliquant un risque élevé de blessure, je suis fan de petits bonheurs simples tel que laisser sécher ma vaisselle propre au lieu de l’essuyer, « oublier » de donner le bain aux enfants ou boire une bonne gorgée de café froid. D'un naturel organisé et patient, je choisis toujours de voir le verre à moitié plein et de prendre les hauts et les bas de la vie avec humour.

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6 Comments

  • Très touchant comme texte, moi mon chum m’a parlé qu’il était transexuelle, alors la famille est arrêté a deux et maintenant nous sommes plus ensemble car sa nouvelle vie en tant que femme , c’est priorité ont changé. Alors je comprends très bien du pincement au cœur d’avoir le désir d’un autre enfant, car pour moi s’il arrive ça serait pas du même père que mes deux premiers et je veux pas vivre avec une famille recomposée. Alors j’ai accepté bien malgré moi de vivre et chérir mes deux enfants qui sont toute ma vie ( malgré que parfois je capote).

  • Wow!! C’est en plain ce que je vit en ce moment! J’ai les larmes au yeux de pensé que je n’aurai plus de bébé… la grosse bedaine, le mini pyjamas, le mini pleure, l’allaitements, les premiers mots, les premier pas!!! Ohh encore!!! J’aime trop sa etre maman!

  • Que dire de plus, cela résume exactement ce que je vis… merci d’y mettre les mots justes

  • Magnifique texte! Je me retrouve dans vos mots. Le paradox entre le désir si criant d’avoir un autre enfant et celui de retrouver un peu de lousse pis de temps pour soi…pour l’autre. On est drôlement faite nous les femmes. Les hommes ne semblent pas avoir se genre de dilemme quand la grande question se pose. Ma prochaine vie…c’est en homme que je veux la vivre Haha!!

  • Tellement. J’ai un fils de 4 ans qui est arrivé par surprise, alors que nous ne pensions pas avoir d’enfant un jour. Maintenant, je vis un dilemme à savoir si j’en veux un deuxième ou non. Une partie de moi a envie de connaître le feeling de planifier un bébé et d’attendre sa venue avec quiétude… de voir mon grand jouer avec un petit frère ou une petite soeur, d’avoir une tablée plus dynamique plus tard lorsqu’ils auront des chums/blondes et des enfants…

    L’autre partie de moi est terrifié parce que la naissance de mon fils est arrivée avec une dépression post-partum majeure qui a failli me coûter la vie et qui s’est étalée sur 2 ans… j’ai peur de ne pas avoir les reins assez solides pour en élever un autre, pour manquer de sommeil, pour sacrifier le peu de liberté que je retrouve, d’autant plus que mon fils est en voie d’être diagnostiqué pour un trouble oppositionnel… pas besoin de vous dire que ça gobe de l’énergie! Je me dis que s’il fallait que le deuxième ait également un comportement aussi extrême, oufff…

    Bref…j’ai autant d’arguments pour que contre… on fait quoi dans ce temps-là?

  • Quel beau texte… c’est exactement comment je me sens. J’en aurais tellement eu un petit dernier, mais mon chum n’est pas de c’est avis.
    J’aimerais vous demander, est-ce que la douleur s’est assoupie? Est-ce que votre désir d’un autre enfant s’est atténué avec le temps? Cela fait maintenant un an que je me suis ‘pliée’ au choix de mon conjoint, mais c’est toujours aussi difficile de l’accepter…

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