condom

Couper le canal famille : la vasectomie

condom pixabay.com

Fait qu’à un moment donné, tu fais des enfants. Pis à un moment donné, t’as fait ton effort de repeuplement du Québec. Si on considère que les femmes québécoises ont un indice de fécondité de 1.62 enfants, tu te trouves pas pire avec les 3.82 tiens. T’as beau les adorer, tes marmots, et être prête à donner tes deux bras pis tes deux jambes pour leur acheter tous les Legos du monde, tu viens qu’à avoir envie de sorties au cinéma en amoureux pis de soupers de sacoches sans regretter le p’tit verre de trop pendant deux jours. Sans oublier que ça te tente, des fois, d’être funky dans ton lit sans avoir besoin de te casser le bicycle pour éviter ladite fécondation. Immanquablement, l’idée de la contraception à long terme commence à se frayer un chemin dans l’esprit de ton couple.

Je sais pas pour toi, mais ici, la femelle du couple fait partie de la génération d’adolescentes qui ont pris la pilule dès les premiers signes de fonctionnement de leur système reproducteur. Je sais, je sais, y’a plein d’options qui peuvent permettre d’avoir du plaisir tout en évitant de se reproduire mais quand tu t’inventes sporadiquement une pensée féministe, t’en viens qu’à te dire que papa pourrait faire son boutte de chemin et s’impliquer lui aussi dans le processus d’évitement de nouveaux joueurs pour l’équipe de soccer. Pis après quatre retours à la frivolité caoutchoutée, tu te dis (avec chéri, bien entendu), que d’opter pour la vasectomie pourrait être une sapristie de bonne idée.

Ben oui, c’est permanent (ou presque), c’est vraiment pas une décision que tu prends sur le bord du comptoir après trois coupes de vin (quoi que…), mais à un moment donné, tu le sens bien en toi que c’est fini. T’as envie de passer un temps des fêtes pas enceinte ou sans bébé en très bas âge, t’as envie de faire un tour de calendrier sans te soucier de prendre soin d’un nouveau-né. T’as surtout besoin, j’pense, de savoir que tu vas être capable de prendre du temps de qualité avec tes plus vieux. Quand ton grand de cinq ans a pas vraiment encore eu la chance de glisser avec toi l’hiver parce que t’étais toujours enceinte ou que tu avais toujours un nourrisson à surveiller, un jour, t’as le goût de faire de lui – et des deux autres – ta priorité. T’as envie de pouvoir prendre plus que trois secondes et quart avec numéro deux pour qu’il t’explique comme il faut ce qui cause sa cent-soixante-huitième apocalypse quotidienne et tu veux vraiment très beaucoup regarder numéro trois grandir. Ton cœur a peut-être pas de limites quant au nombre d’enfants qu’il peut aimer mais ton horaire de super-mom, lui, oui.

Pis t’aimerais ça, aussi, te trouver cute pendant plus que trois mois. T’as envie d’avoir un but qui t’appartient à toi. T’aimerais donc ça, l’acheter le dossard de ton premier demi-marathon sans calculer ce que ça va donner si tu tombes enceinte pendant ton entraînement. T’aimerais que ton apparence soit un état qui se maintient sans avoir à te demander si tu vas arriver à retrouver ton look après la prochaine grossesse. Ou t’attends peut-être justement de l’avoir finie, ta chère famille, pour te prendre en main et focusser sur ta santé, sur une carrière à laquelle tu rêves, sur un objectif, aussi fou soit-il, à atteindre. T’as envie que le ciel soit ta limite. Pis ça, ben pour toi, c’pas facile à faire quand tu sers de matrice à mini-toi.

Pis parlons donc de ton concubin. On s’entend-tu que c’est une fichue preuve de virilité de décider de couper le Canal Famille ? On s’entend-tu que ça prend un homme, un vrai, pour dire : « OK, c’est moi qui passe au bistouri, t’as assez donné ! ». De dire que c’est vrai, que c’est assez les bébés, sans se sentir diminué ou moins mâle avec un canal à peine visible à l’oeil nu coupé sous anesthésie en dix minutes.

Ce qu’il te dit, son choix, c’est que sa priorité, c’est ce qu’il a bâti avec toi. Votre belle famille. Parce que soyons honnêtes, à moins d’une grande détermination, en cas de séparation tu pourras toujours décider de faire un autre enfant, mais pour lui c’est fini.

Ça en fait donc un maudit beau statement qui dit : « Je t’aime mon amour pis c’t’à mon tour ».

Michèle Tousignant

     MICHÈLE TOUSIGNANT

Crédit : pixabay.com

Michèle Tousignant

Maman de trois garçons, un "cinq ans, bientôt treize", un trois ans en terrible two perpétuel et un affamé/assoiffé en poussée de croissance depuis sa naissance, je me découvre un nouvel intérêt dès l’annonce d’une nouveauté maternité. Passionnée de course à pied, je m’implique afin d’aider les femmes à acquérir une saine image d’elles-mêmes. Vu la domination mâle à la maison, je tiens à ma part de rose et l’assouvit dans l’écriture, l’artisanat sous plusieurs formes et mes expérimentations de wannabe écolo-grano-végé pas toujours concluantes !

Plus d'articles

Post navigation

1 Comment

  • J’adore ce texte. Quand la décision finale d’aller de l’avant avec l’intervention à été prise, même si mes enfants sont plus ou moins autonomes, j’ai eu l’impression de retomber avec un nouveau-née. Ah!! La peur des homme d’aller se faire couper les couilles…Beaucoup d’angoisse et de peurs ainsi que d’histoires d’horreurs. C’est viscérale!! Plus que pour n’importe quelle fille qui va accoucher. C’est comme si le monde entier était attaché à ces 2 petits canaux. Nous avons rencontré un chirurgien qui avait pour assistante sa mère de 85 ans. La vasectomie passe chez nous pour une anecdote parce que la mère mouchait son fils comme un bébé alors qu’il avait toute la quéquette de l’homme entre ces mains. Tout s’est bien passé. Aucune douleur, enflure, bleu ou autre calvaire.Finalement après avoir vécut cette intervention, il trouve que les prises de sang sont le pire calvaire qu’un homme peut endurer…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *