Les frayeurs de la maman hypocondriaque : la constipation

bébé couche Crédit : martinak / 123RF Stock Photo

Ça commence insidieusement. Toi, qui surveilles le transit intestinal de ta pupille plus étroitement que ton chum surveille les scores du hockey en période de coupe Stanley, tu commences par froncer le sourcil. L’offrande quotidienne de ton chérubin, habituellement ponctuellement délivrée avec force, bruit et une odeur à soulever le coeur des plus solides, manque à l’appel. Dans l’espoir de provoquer la ponte, tu pèses d’un doigt sur la bedaine. Un peu dure. Ta gorge se serre. Tu essaies mentalement de te rappeler de la journée d’hier. Néant. Hier aussi était une journée-sans-offrande. Tu questionnes de l’œil ledit enfant, qui ne semble pas plus mal se porter que ça. Tu remballes le tout, mais une angoisse sourde vient de se faufiler dans ta tête.

Pendant la sieste de fiston, tu googles « Pas de caca pendant deux jours ». Tu te rends compte que t’es pas la première à avoir posé la question. En fait, t’as 52097215 réponses en moins d’une demi-seconde. S’ensuit une floppée de forums et de sites internet plus ou moins louches qui proposent diverses explications plus ou moins encourageantes. En tête de liste : l’occlusion intestinale. Tu l’vois dans ta tête, le pauvre intestin de ton bébé tout bouché pis tout noir. Paniquée, tu continues frénétiquement à lire les symptômes pis tu te rends comptes que ça pas d’allure considérant que le p’tit a mangé son poids en bananes et en céréales pour le dîner. Le diagnostic différentiel : paralysie intestinale. Tu vois déjà ton kid à trente-cinq ans avec une colostomie, tu brailles toutes les larmes de ton corps pis t’es en train de pacter le sac à couches pour te garocher à l’hôpital.

Chemin faisant, tu prends quand même le temps de tenter un petit post sur ton forum préféré de mamans pendant que le chérubin gazouille. Pis les suggestions fusent. C’est arrivé à Petit Paul, son intestin avait un nœud dedans. Il a explosé comme une baloune ! La petite Pénélope a fait ça et finalement c’était des vers intestinaux tropicaux qu’elle avait attrapé pendant un voyage aux îles. Marie-Clarisse, elle, est toujours constipée rendue à vingt-et-un ans. C’est l’horreur, elle est ballonnée comme c’est pas possible.

Tu angoisses et demandes des solutions. Des remèdes, y en a des tonnes. En veux tu en v’là ! Tu devrais lui donner de la teinture de pissenlit. Couper le gluten. Le badigeonner de lait maternel. Le mettre la tête en bas, ça relaxe l’intestin. Lui faire des massages, mais pas dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, ça bouleverse l’intestin. Lui donner des pruneaux, mais entier, pas en purée. C’est les pommes qu’il faut donner en purée. Tu en perds ton latin.

Ça fait que te v’là, préparant un shake de pruneaux-graines-de-lin-rhubarbe-herbe-du-lion-teinture-de-kiwis-sauvages question de l’administrer drette-là au principal intéressé, toujours assis ben molo dans sa chaise. T’angoisses. Si tu shakes trop ça risque de couper l’effet des fibres pis ça donnera rien pis si tu shakes pas assez, les fibres risquent d’y bloquer l’intestin t’sais.

L’eau te coule un peu dans l’dos pis tu te sens comme Docteur Mamours tu-seule-au-monde-pour-sauver-ton enfant. Luttant contre l’adversité et contre les larmes, sur une trame sonore mentale mélodramatique, tu avances vers la p’tite chose morbide quand un bruit retentissant, accompagné d’une odeur de chat-mort-en-décomposition-dans-l’bac-noir-au soleil-depuis-six mois, t’avertit que tu t’es énervée pour rien.

Souriant de toutes ses gencives, ton rejeton gît dans une mare de caca, t’indiquant indubitablement qu’être une maman hypocondriaque, ça t’empêche vraiment pas d’être dans la merde de temps en temps.

 

Maman Au Cube

           MAMAN AU CUBE

Maman Au Cube

Je suis une maman tout ce qu’il a de plus ordinaire, sauf que j’ai trois bébés du même âge. Ils sont parfaitement gros, parfaitement en santé, parfaitement plates, nommément #1, #2 et #3. Ça fait qu’à quatre, on n’entre pas pantoute dans le moule de la Maternité-parfaite, ni même dans celle de la maternité normale. Grande acerbe devant l’Éternel, chialeuse de compétition, critique perpétuelle, je n’aspire à rien d’autre qu’à faire comme tout le monde, sans jamais y arriver. Faut comprendre, le monde est fou !!!!

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