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Ton souper de filles

bouteille vin pixabay.com

Si t’es du genre à finir par trouver ça lourd de passer tes soirées devant Canal D main dans la main avec ton homme tout en regardant subtilement les mottons de poil se faire aller sur ton plancher, y’a peut-être des bonnes chances qu’un moment donné, t’ailles le goût de changer de poste pis de sortir tes coupes de vin.

Ça fait qu’un soir où ton moral est un peu trop au top, tu mets tes gants blancs pis tu lances tes dards d’invitation à ta gang d’amies de filles, toutes devenues mères dans la dernière année ou presque. Pour faire une histoire courte, incluant tes propres recrues, ça totalise sept petites têtes en bas de vingt-quatre mois. Des p’tits blonds, des roux, des c’que tu voudras-ben-imaginer. Une micro société d’individus rampeurs et marcheurs qui ne demandent que ce genre de soirée pour être stimulés et enrichis. Parce que si t’es comme moi, tu ne peux pas priver ton petit ange de cet événement aussi rare que grandiose. Surtout s’il a passé autant d’heures au CPE que toi au bureau à torcher ton patron cette semaine.

Ça fait que tu leur fais miroiter du rêve à ta gang de chums parce que t’es bonne là-dedans, t’sais. Un beau souper de filles chez vous, le parfait moment pour décrocher d’une semaine qui vous a toutes fait perdre une couple de plumes, huit deux bouteilles de vins, du gros fun noir quoi. Tu t’imagines déjà votre trâlée d’enfants attendant patiemment son tour pour essayer le tricycle rouge-feu de ton plus vieux. C’est pas ben long qu’elles répondent toutes oui, les yeux brillants d’espoir.

Tu me vois-tu venir ?

Le soir venu, toi de ton bord, t’es devant ton miroir. On va se le dire franchement, t’as beau avoir poussé d’la fonte en sifflant des dents pis avoir couru comme une déchaînée sur ton tapis roulant, tu viens d’accoucher pis ta shape s’apparente étrangement à une patate. Ça va revenir, tu le sais, mais en ce moment, il y a plus de probabilités de te voir marcher sur la lune que de ressembler à Kate Moss. Ça fait que t’optes pour le noir, comme d’habitude. Tu sais pas trop si tu dois rire ou pleurer parce que ta robe est pas plus valorisante qu’un drap contour. Pis par expérience, tu sais aussi que c’est le genre de vêtements qui, en deux minutes, magnétise toutes les crottes de nez existantes chez vous pis qui tarde pas à se faire gratiner le décolleté de vomi en jet dans la demi-heure qui suit. Pis finalement, t’essaies deux-trois colliers que tu t’empresses de redéposer dans ta boite à bijoux d’autrefois. Ça fait assez dur pour faire reculer ta visite.

Du coté de tes amies, c’est pas ben mieux. Elles arrivent avec la broue dans le toupette pis le dessous de bras humide. Faut le vivre pour le comprendre. Préparer un sac à couche est une tâche infernale, stressante et sans fin que même les prophètes du Mieux Vivre ont préféré ne pas révéler à l’humanité. C’est toujours une fois partie qui te manque l’essentiel t’sais. Mais ce qui est plutôt bien quand tes amies ont des enfants, c’est qu’il va toujours y avoir quelqu’un en backup pour te refiler une Huggies numéro 5, une lingette humide pis une bavette.

Une fois tous ce beau monde réuni, c’est avec la goutte au front que t’essaies de faire de ton mieux. Tu souris même si t’as trois cacas mous à ton actif avant 19h00, que les oreilles veulent te tomber pis que t’as tenu aucune conversation de plus que deux minutes depuis le début de la soirée. Le temps de le dire, ta poubelle à couche refoule, t’as pu d’essuie-tout pis ton plancher reluit de dégâts collants.

Ce que tu dois retenir de ton souper de filles, c’est qu’une fois terminé, mis à part avoir vécu l’apocalypse pis cligner juste d’un œil, il te reste encore deux ou trois plumes pis tes cocos, eux, en ont eu pour leur argent.

Ça fait que la prochaine fois, si tu veux jaser pis te détendre, sers les bébé ou call un déjeuner McDo. Moins d’ouvrage. Moins de ménage. Même plaisir.

Pis Canal Vie main dans la main avec ton chum, me semble que ça fait ben la job quand tu y penses.

 

Stéphanie Hébert

         STÉPHANIE HÉBERT

Stéphanie Hébert

Femme de caractère, monoparentale et mère de deux petits monstres, je vous partage mes grandes joies et mes peines. Mon plus grand bonheur dans la vie ? Entendre le fou rire démoniaque de ma progéniture. Venez rire et pleurer avec moi au cœur de mon livre ouvert. Dans la vie, il nous est permis d'adorer ou de détester mais au final qui sommes-nous pour juger ?

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