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Tes premières semaines avec bébé

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Ça y est. Bien que t’aies l’impression nette que c’est une journée interminable où y’a eu d’la neige, d’la pluie, du soleil, encore d’la neige pis ben d’autres cocktails météo, ça fait bel et bien quatre mois ben pile que t’as vu la binette de ton bébé pour la première fois. T’as l’impression que ça fait dix ans. Même si le souvenir du début est parfaitement clair.

V’là quatre mois, t’es revenue à la maison, exténuée des visites d’infirmières à toute heure de la nuit – parce que de jour, sont ben ben occupées quand tu brailles ta mère pour que celle qui t’es attitrée vienne te voir pour t’enlever la foutue sonde qui a été mal installée la veille. Et c’est là que commence la grande épopée du »maman-dort-pu ».

La fabuleuse phrase « De toute façon un bébé naissant dort en moyenne vingt heures par jour »,  tu l’as entendue souvent. Pis tu sais que c’est pas vrai. Parce que t’as hérité d’un bébé imparfait dans sa perfection. Comme tous les autres. T’as l’impression qu’il a un sensor qui s’active quand tu fermes les paupières, quand tu viens juste de terminer de couler la coupe de vin rouge que t’espères prendre depuis deux jours pis quand t’es en train de finir d’enlever ton top-de-sport-trop-serré-qui-sert-de-brassière avant de rentrer dans ton bain. T’as honte de le penser. Tu l’aimes d’un amour si puissant, mais la plupart du temps des fois, ce que t’aimerais, c’est qu’il te fasse des siestes plus longues que quinze minutes suivies d’un réveil retentissant de larmes et de cris de mort.

Quand quelqu’un te demande comment ça va avec ton bébé, tu tentes de décocher un sourire en coin convaincant en lui répondant que ça va super bien pis que t’es donc contente d’enfin l’avoir dans tes bras. Mais tu te revois la nuit dernière, la tête accotée sur le coin de la bassinnette, pleurant ton sommeil parce qu’il vient de te réclamer pour la dixième fois depuis minuit pour une raison plus ou moins viable que tu n’as pas encore saisie. T’as sincèrement tout essayé. Le lait, les fesses, la couche, changer le pyjama. T’as même essayé de faire croire à papa que c’était à son tour, que c’était toi la dernière qui s’était levée. Pis t’as trouvé ça ben légitime de lui faire le coup plusieurs fois d’affilée. T’es gênée de le dire, même si ta face de « sacre-moi-patience » et tes cernes ont déjà dévoilés ton secret, mais t’as franchi le stade « à-boutte-du-rouleau ».

T’es enflée. Ça fini pas de pas partir ce gras de bébé-là. Tu vois les blondes des amis de papa qui ont accouché presqu’au même moment que toi. En bikini. Belles comme le ciel. Toi t’es comme l’orage qui arrive avec les cicatrices des éclairs qui contournent ton nombril. T’essaies de te dire qu’il faut te laisser le temps. Mais tu rages intérieurement. Pas de jalousie – tu penses -, mais tu pries la fée Métabolisme de venir te donner un bon coup de main. Pis tu finis par l’envoyer solidement promener.

T’essaies de prendre ta douche quand t’as une petite minute de lousse aux deux jours ou quand ton nez se rend compte qu’il-est-temps-maman. De te raser les cannes – et tu penses même pas à ce qui se passe en bas, anyway tu le vois pas avec ton gros bourrelet  – quand tu vois la face de ton chum changer quand il te caresse les jambes. Parce que lui, il t’aime. Pis il te le montre. Mais toi t’es constamment réclamée, par un ou par l’autre, et que le seul moment où tu peux espérer être toute seule, parce que ça en prend des ptits morceaux de vie avec toi-même only, ben tu les utilises pour dormir sur le divan. Même si tu l’aimes d’un amour infini, ton homme. C’est juste que l’envie de te coller et de lui démontrer, ça te prend normalement quand il est parti travailler. C’est plate, mais c’est de même. T’es pas timée. Ça va passer que ton médecin te dit. C’est les hormones probablement.

Et là, bébé grandit, les coliques s’en vont petit à petit et t’espères pouvoir prendre le temps de respirer. T’invites des amis à venir prendre un p’tit verre en après-midi pendant que bébé fait sa sieste en leur précisant bien de ne pas regarder le ménage même si tu vas en faire un semblant-de à la vitesse de la lumière juste avant qu’ils arrivent.

Tu te rends compte que, tout compte fait, c’est pas si pire. T’as maintenant un grand plaisir à endormir ton p’tit dans tes bras en le regardant téter sa suce et en respirant l’odeur de son cou, plein de bave et de sueur. Et là, en voyant papa sortir de la douche, tu ressens une chaleur dans la poitrine que ça fait longtemps que t’as pas ressentie.

La tempête est passée. Enfin. Mais ne jette pas un oeil sur les prévisions à venir et laisse demain faire son chemin.

Profite du soleil pendant qu’il est chaud. L’été dure pas longtemps au Québec.

Mélissa Rondeau

         MÉLISSA RONDEAU

Mélissa Rondeau

Autrefois sirène devenue baleine, j'ai l'immense bonheur de partager ma vie avec le plus beau des requins, le plus sage des poissons-chats de 3-ans-j’suis-grand-bon », la plus espiègle des piranhas et le plus charmeur des petits menés. Essayant tant bien que mal de me garder la tête hors du courant infernal de la perfection maternelle, je fais de mon mieux pour rester une amoureuse attentionnée et une maman amusante qui tente de garder le cap . Au travers des regards des autres qui me font souvent parfois douter de ma façon de faire ou encore de l'état de ma santé mentale, j'aime surtout apprécier les petits sourires que je croise où je suis capable de lire « High five la mère!» Après tout, on ne fait ça qu'une seule fois, aussi bien le faire sans crainte du jugement et avec un amour aussi pur et puissant que celui que nos enfants nous donnent en retour !

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