Je m’appelle Maman et je suis coupable

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Je m’appelle Maman et je suis coupable. Je suis coupable de tellement de choses qu’un jury intransigeant me condamnerait sûrement à une peine sévère si je ne purgeais pas déjà une sentence de travaux communautaires à perpétuité depuis la naissance de mon enfant et si l’emprisonnement ne s’avérerait pas une excellente opportunité de me laisser faire la grasse matinée jusqu’à six heures du matin.

Je suis coupable d’avoir mangé beaucoup de cochonneries enceinte. Je n’ai pas suivi le guide alimentaire. Je m’en suis tenue à un régime de réglisses aux fraises et de chips sel et vinaigre. En plus, une fois, j’ai mangé des sushis. Ils étaient au légumes mais on ne sait jamais avec la contamination croisée. Toutes les fois que mon petit bégaie ou qu’il me soudoie pour manger des bonbons avant huit heures le matin, je sais que c’est forcément de ma faute. 1 + 1 = 2.

Je suis coupable de ne pas avoir allaité mon enfant. J’ai essayé sans succès. Semblerait-il que si j’avais persévéré et que j’avais attendu la fameuse montée laiteuse au lieu de me plaindre sur mon sort après deux nuits sans sommeil à me faire tripoter l’utérus par une infirmière qui tentait de me vider de mon sang tout en me promenant comme un zombie avec un chou-fleur entre les jambes, ça aurait pu marcher. Il faut croire que je n’étais pas un modèle de persévérance. Aujourd’hui, mon enfant fréquente la garderie et il enchaîne les grippes et les gastros; il n’a pas les anticorps d’un enfant nourri au sein, c’est pour ça.

Je suis aussi coupable de lui avoir donné de la nourriture solide avant six mois. Il pleurait. Le jour, la nuit, tout le temps. Et moi, je ne dormais plus. Ni le jour, ni la nuit, ni jamais. La face de l’infirmière est descendue tellement bas quand je lui ai dit que mon fils mangeait déjà des céréales que son menton balayait le plancher. « Madame, il est beaucoup trop tôt pour les céréales. ». Maintenant, on la « le droit » de commencer la nourriture solide plus tôt. Du moins, je pense… mais bon, je suis quand même coupable. En 2012, ce que je faisais, c’était mal.

Aujourd’hui, je suis coupable de donner à mon petit de la nourriture en canne et des repas préparés d’avance, des fois, un mardi soir, quand j’ai la tête dans le derrière ou que je suis restée prise dans le trafic en revenant de travailler. Avec des gras trans et du mauvais sucre, toute le kit. Je suis aussi coupable de négliger certains groupes alimentaires; des fois, mon enfant ne mange pas quarante-huit portions de fruits et légumes dans sa journée. En plus, chez nous, on mange du pain blanc. Il va sûrement devenir obèse. Ou diabétique. C’est ma faute.

Je suis coupable d’attendre la plupart des siestes avec impatience. Oui, j’adore mon petit. Mais des fois, je suis fatiguée. Parce que je suis stressée par le travail. Parce que j’ai moins bien dormi. D’autres fois parce que j’ai juste envie de lire un livre dans le silence avec une tasse de thé encore chaud. Alors il arrive que j’aie hâte à la sieste. Et pendant que j’ai hâte à la sieste, je ne profite pas de ce moment de bonheur en famille qui ne repassera plus jamais. Donc je suis coupable. Et je me sens coupable.

Je suis aussi coupable de ne pas toujours avoir envie de jouer. Les camions et les jeux de Spiderman, ça ne m’allume pas tellement. Je suis de même vous comprenez. J’aime mon enfant, mais je suis une fille. De trente ans. Après cinq minutes, je ne sais plus ce qu’il est supposé dire, Spiderman, et je trouve que dix-huit courses gagnées par la petite voiture rouge, c’est bien assez. Et les jeux vidéo, je trouve que c’est un maudit bel échappatoire pour penser à ma vie, parcourir mon fil d’actualité Facebook ou faire du lavage. Je ne suis sûrement pas assez dévouée au bonheur de mon petit. Que je me le tienne pour dit, s’il ne s’épanouit pas comme il le devrait, ce sera dû au fait que je n’ai pas passé assez de temps à faire des courses de petits chars.

Alors voilà, tout est ma faute. Les livres, les magasines, les émissions de télévision et les réseaux sociaux me renvoient en permanence l’idée que ça ne suffit pas que je l’aime gros comme un arc-en-ciel, que je lui cuisine des Kraft Dinner comme il les aime, que je le prenne dans mes bras pour l’embrasser dans le cou, que je lui chante des chansons avant le dodo, que je le borde, que je le console quand il se mord la langue et que je l’aide à mettre ses bas « pour ne pas qu’il y ait de petites bosses ».

Mais étrangement, ça semble lui suffire, à lui, toutes les fois qu’il me dit « Je t’aime » en sautillant autour de moi, les yeux pétillants de bonheur.

Et dans ma grande culpabilité, j’ose croire que je suis coupable de ça aussi.

Maude Michaud

Fondatrice de la plateforme La Parfaite Maman Cinglante et auteure, j’adore informer, divertir et partager mes réflexions sur la parentalité mais aussi une multitude de sujets qui touchent les femmes de près et de loin.

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5 Comments

  • hahaha très bon, très juste! dieu que l’on se met beaucoup de pression les mamans et dieu que tout le monde qui nous regarde de haut semble toujours tellement plus parfait que nous avec leur enfants!…

    Je ne suis pas un terrain de jeux mais une maman, et une personne à part entière!
    Bravo!

  • Tellement vrai … Moi je suis coupable d angoisser quand il a pas sa quantité de lait dans la journée car il est né à terme en taille prématuré et sédaté a cause de un traitement que je prenais .je suis Coupable du manque de force qu il avait pour tenter coupable qu il est perdu 12% de son poids
    Coupable d avoir tellement stressée que je ne fournissais pas assez de lait au tire lait
    Je suis coupable de prévoir des vêtements et des jeux pour dans 2 ans en seconde mains en plus .je suis coupable d économiser maintenant pour lui acheter de bonnes chaussures quand il marchera
    Je suis coupable d habiller mon bébé au lieu de le laisser en pygama quand on sort
    Coupable d arriver en retard par tout car je préfère que mon ti bout dorme encore un peu ou passer 3/4h sur son bib pour aller à son rythme
    Coupable de perdre patience quand il décide qu il préfère regarder autour de lui ou me sourire au lieu de boire alors que je sais qu il a faim
    Je suis coupable de lui donner le bib allonger parceque il aime bien se sentir libre ou tenir son bib tout seule
    Coupable de le laisser 2 jours la crèche alors que je ne travaille pas
    Et surtout coupable de l aimer tellement fort que je préfère laisser le ménage de cote pour jouer avec lui ou juste regarder une série en étant à côté de lui juste parcequ il aime bien que je reste la

  • Tellement vrai … Moi je suis coupable d angoisser quand il a pas sa quantité de lait dans la journée car il est né à terme en taille prématuré et sédaté a cause de un traitement que je prenais .je suis Coupable du manque de force qu il avait pour tenter coupable qu il est perdu 12% de son poids
    Coupable d avoir tellement stressée que je ne fournissais pas assez de lait au tire lait
    Je suis coupable de prévoir des vêtements et des jeux pour dans 2 ans en seconde mains en plus .je suis coupable d économiser maintenant pour lui acheter de bonnes chaussures quand il marchera
    Je suis coupable d habiller mon bébé au lieu de le laisser en pygama quand on sort
    Coupable d arriver en retard par tout car je préfère que mon ti bout dorme encore un peu ou passer 3/4h sur son bib pour aller à son rythme
    Coupable de perdre patience quand il décide qu il préfère regarder autour de lui ou me sourire au lieu de boire alors que je sais qu il a faim
    Je suis coupable de lui donner le bib allonger parceque il aime bien se sentir libre ou tenir son bib tout seule
    Coupable de le laisser 2 jours la crèche alors que je ne travaille pas
    Et surtout coupable de l aimer tellement fort que je préfère laisser le ménage de cote pour jouer avec lui ou juste regarder une série en étant à côté de lui juste parcequ il aime bien que je reste la .
    Coupable aussi de lui donner le bib dans la rue alors qu il n avait que 2 mois

  • Mais quelle pression on se met, les mamans ! Effectivement, moi aussi je suis coupable de tellement de choses…. Mais quand mon « grand »dernier me fait un bisou, je me dis que j’ai aussi réussi des choses, malgré tout.

    Et en premier, si nous les mamans, on se soutenait plutôt que se tirer dans les pattes au moindre écart ?

    Merci pour cet article, je m’y reconnais totalement !

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